C'était un cul-de-sac, fini le temps de fuir. Tsaï se retourna, il descendit son masque de sa capuche et activa le masque à gaz, tout échange thermique était quasiment nul, il pouvait rester plus d'une heure dans des flammes sans s'étouffer ni être brûlé, mais qu'est-ce qu'un incendie par rapport aux lames noires ? Il sortit son couteau embraseur, c'était la première fois qu'il utilisait cette arme. Les soldats se figèrent un instant devant le glaive noir, ils dégainèrent leurs télescopes embraseurs à leur tours, leurs lames pouvait passer de trois mètres cinquante à trente-cinq centimètres, et ce, en une seconde.
Le couloir n'est pas militarisé, il faut jouer là dessus. Les avertir d'abord, fidèle même dans la mort.
« Cette lame est votre fin imminente. »
Ça suffit, c'est assez clair.
L'assassin se jeta en avant pour ne pas les laisser coordonner leur attaques, le premier guerrier, en garde de la dame, frappa un coup de taille au niveau du torse, son arme de deux mètres s’enclencha au dernier moment, laissant tout juste le temps à Tsaï de s'accroupir, il ne pu voir l'air brûler mais sentit instantanément l'odeur du gaz carbonique, cette présence au fond de la gorge. D'un seul bon en avant il saisi le poignet de son adversaire pour écarter l'arme d'un demi mètre plus encore vers l'extérieur ; sans grand résultat, l'armure de son ennemi décuplait sa force et toute la puissance d'un simple homme ne pouvait que ralentir d'une fraction de seconde le mouvement, instinctivement l'embraseur de Tsaï s'était porté à la gorge de son adversaire. Le mouvement était souple et ferme, parfaitement bien exécuté. Mais le coude du soldat revenait à pleine vitesse.
Je me suis trop méfié de la lame noire ! Songea t-il. Son armure est une arme contondante fatale pour moi.
Le choc projeta le tueur deux mètres en arrière dans un bruit d'os brisé. La subite concentration de Tsaï s'était dissipée dans les nuages du choc.
Stupide ! Tu es un crétin ! Mon crâne ? Qu'est-ce qui s'est brisé ? Se ne pouvait-être que la maxillaire supérieur et plus haut l'os malaire, la tempe avait été heureusement épargnée.
Des flammes s'évanouissaient devant lui, la lame avait fondu l'armure et dès que la chaire fut en contacte avec la fournaise, elle se calcinait. Alors que la tache floue de la lourde armure s'effondrait, une ombre allait s'abattre sur l'assassin, le télescope d'un second guerrier devait être passé par le plafond, brûlant la matière tendre pour finir par s'abattre comme une presse gravitaire. Tsaï se jeta sur le mur du couloir, à sa gauche. Son équilibre était en lambeau, et il n'arrivait toujours pas à distinguer correctement ce qu'il se passait. Les antalgiques automatiques de son armure ne devraient pas tarder à fonctionner.
Il sera trop tard, songea t-il.
L'embraseur du guerrier devait être redevenu petit, de la taille d'un glaive, Tsaï tentait d'imaginer ce qu'allait faire le guerrier en face de lui, il se concentrait sur les contours de la tache sombre, une bosse vers la droite, le corps semble droit et s'immobilise...
Il sort le coude, sa lame doit -être courte, donc il n'a aucun intérêt à lui donner de l'élan, il n'y a qu'une solution, s'il sort le coude c'est qu'il pointe l'arme vers moi pour une estoque, il allongera sa lame jusqu'à ce qu'elle me transperce. Je suis donc à moins de trois mètres de lui, il faut que j'agisse en même temps que lui, si sa lame est encore petite, il pourra réagir. Feindre la faiblesse le laisser se...
Par impulsion, l'assassin poussa contre le mur alors que l'estoc vint s'enfoncer là ou il était un instant plus tôt, en l'espace de deux impulsions de biais vers la droite, l'arme de Tsaï changea de main pour porter un coup au coude qui dépassait, sa lame noire s'activa une seconde, la détonation de l'activation était filtrée par son masque, mais il ressentait quand même l'immense déploiement de chaleur, le souffle qui équivalait à une explosion de micro-grenade. La chaleur insupportable qui pénétra son bras, mais la lame avait traversé l'armure de l'homme-bête, et brûlé sa chaire.
Ne jamais enclencher une lame noire plus d'une seconde ! Pourquoi ai-je pris autant de marge ? J'aurais pus brûler avec mon ennemi si j'avais persisté dans ma folie une demie seconde de plus !
Trébuchant sur le cadavre de sa première victime, l'assassin exécuta une chute budō pour revenir sur ses pieds, en garde. Mais il n'y avait plus que le bruit des flammes du couloir et des alliages qui fondaient bouillaient et crépitait autour de lui.
Ils sont partit dès qu'ils ont vu que j'étais seul, deux hommes-bêtes suffiraient ont-ils pensé, je ne devrais pas être en vie, songea t-il. Les probabilités infimes sont là, et parfois c'est dans les moments les plus importants qu'elles nous sourient. Puissent mon frère et ma confrérie s'en sortir !
