Ce qu'on dit au nord. - Ma'al.

Le sommeil était encore là, mais les quelques heures de repos avaient fait leur office,
L'auberge de Vargs était belle,
Du bois massif aux poutres souvent gravées de runes et de symboles chaotiques.
Le bois, ni vieux, ni éclaté par le gel, donne un côté imposant à cette demeure passagère pour les navigateurs et pirates.
Alors que tu t'assieds sur une chaise dans un coin de la pièce principale,
Ma'al, d'un air dépité, vient te voir.

« Écoute Margøt, tu dois m'avoir pris pour un pleutre, je me prends aussi pour un pleutre.
Mais pas autant que si j'avais tué ce Druchii.

Laisse-moi te raconter ce que nous taisons depuis que nous avons embarqué :

Deux grands chefs de guerres sillonnaient le nord à la recherche de recrues pour aller ruiner le sud.
Ils étaient jumeaux, l'un honorait Karnack, enfin... Kernøt, l'autre exaltait Lanshør.
L'un était le jour, explosif et bruyant, colérique, rayonnant et dominateur.
L'autre était le nuit, silencieux, insinuant, perfide, tendre et ensorcelant.
Un jour, contre les armées de Tullaris de Harr Ganeth, ils souffrirent leur première défaite.

Karmagavita, le jour, hurla de rage, avant de partir avec son élite.
Shangavindü, la nuit, se dissimula dans les ombres et partit,
laissant son armées sous les Dreichs meurtriers de l'ennemi.

Une querelle éclata, les frères ne se parlèrent plus,
La querelle tourna en rupture et les armées stationée en arrière se scindèrent en deux obédiences différentes.
Puis les frère recrutèrent et se firent la guerre.

L'assassinat fut monnaie courante, les escarmouches ravageaient les convois.
Le village et la famille de la nuit furent tués, mutilés, offert à Karnack.
Karmagavita n'avait plus de famille, puisque ses parent avaient enfanté un chien comme son frère.
Mais Shangavindü fut attristé par l'affront, depuis, la lune est triste, regarde là bien ; cette histoire est vrais.

Nuit décida que ce massacre brutal servait son frère et n'avait que trop duré.
Prenant son frère en embuscade, il lui passa la langue autour de son coup
Jour savait qu'il était condamné à mort, mais nuit l'invita à discuter.
Si la parole était vaine, nuit acceptera le duel, justice de la ruine.

Ils parlèrent, longuement, et, alors qu'ils trinquèrent à leur réconciliation,
Jour leva sa hache en guise de triomphe, et la planta dans le crane de son frère
Il était arrivé à charmé et à tromper le charme et la tromperie
Mais il venait de tuer en traitre celui qui lui accorda la vie.

Les vents de ruine hurlèrent de rage,
Jour ne voulait pas suivre leur loi et allait être punit pour cela.
La colère des Grand DIEU NOIRS déformait l'espace et le temps, consumait la chaire des mortels alentours
La pierre s'effritait, le sol lui même mutait,
Et Karmagavita allait bientôt souffrir une éternité de torture.
Devenir l'abomination la plus abjecte et souffrante que le nord ai pu connaître.

Mais lorsque les vents dévastateur arrivèrent devant le traitre,
La cendre tombait sur le Jour,
Une croix à quatre branches courbes toutes orientées vers la droites
Se finissant par une tête de dragon, qui mange le milieu de la branche suivante
Etait en dessous de Karmagavita, Suzasphein protégeait son élu.

Et Karmagavita fut le contre élu, il devait être le duelliste de son frère
Pour savoir qui serait l'élu de la fin des temps, mais Suzasphein en fît son seigneur.
Aujourd'hui, Jour est un grand œil aveuglant, il sait tout, il voit tout les traitres
Et ils feront partit de son armée contrant le grand champion de la ruine.

Il trahira le nord et fera triompher le sud à la plus grande gloire de l'infâme Suzasphein,
Nous le savons, et rien ne peut l’arrêter, hormis notre droiture implacable.
S'il le faut, Daenien propose un duel, il est mal depuis qu'il n'a pas oser bouger
Il peut combattre le Druchii en Duel, il sait qu'il a beaucoup de chance de perdre.
Mais il se sent traitre quoi qu'il arrive,
Il sait qu'il aurait du te raconter cette histoire cachée de nos terre bien avant.
Il attend ton verdict, Margøt. »

Je vois ce qu’il t’en a couté de venir me parler. Tu mérites plus qu’une réponse hâtive et la discussion s’annonce longue. Commande un pichet le temps que j’agence mes idées.

Quand il revient :

Sache, d’abord, que je voudrais que Nayem et Danien soient avec nous car je ne leur tiens pas rancœur de ce qu’il s’est passé, sans doute même pourrons-nous en un avantage. Néanmoins, un tel conciliabule attirerait l’attention de Kalec et je veux qu’il fasse ses preuves avant de lui accorder ma confiance.

Sache ensuite que je n’ai nulle intention de demander à Danien d’affronter le Durchii. Pourquoi enverrais-je un frère mourir contre un ennemi à l’avantage flagrant et qui ne partage ni nos règles ni notre honneur ? Non, si duel il devait y avoir, ce serait moi et contre chacun d’entre vous puisque tous ont hésité mais moi aussi j’ai baissé mon arme... En ces temps où hommes-rats et durchii apparaissent au centre de nos symboles les plus maudits, nous aurons besoin de tous les braves disponibles et les fils du chaos ne s’entredéchirent déjà que trop.

Laisse-moi maintenant te conter comment j’ai vécu les choses. Ce Durchii apparait, venu de nulle-part, nous déclare qu’il est là et qu’il veut traverser comme si Sfeïngøt nous l’avait envoyé. Puis, par excès d’orgueil, dévoile sa supercherie, insultant au passage nos esprits, en révélant qu’il connait nos noms et nos projets et donc qu’il nous suit et nous espionne depuis des jours. Mais je ne suis pas sot au point de croire qu’il n’y a pas de base à un orgueil si démesuré. Rendons-lui ses flèches et quand il n’aura plus besoin de nous, nous serons froids dans l’heure. En vérité, j’ai cru qu’il nous tuerait dès notre arrivée sur les cotes mais visiblement il a encore besoin de nous, ou tout au plus de Kalec… C’est pourquoi j’ai voulu agir sur le bateau, l’étroitesse de l’embarcation nous donnait un avantage et même si le péril pour ma vie était grand, l’un de vous aurait pu sauter sur l’occasion et l’achever. Espérons simplement que nous aurons d’autres occasions de nous tirer des filets de ce Durchii. J’ai éprouvé de la colère, certes, quand vous avez hésité car il est un temps pour la réflexion et un temps pour l’action. En hésitant sur un champ de bataille, tu risques ta vie et surtout celle de tes compagnons. Vous auriez dû me parler quand je vous ai proposé de nous en débarrasser. Et quant à vous prendre pour des pleutres, ça non, les pleutres ne vivent pas longtemps dans les Désolations et je vous ai vu vous battre, je sais quel courage peut vous habiter une fois que vous êtes décidés. Quand vous avez hésité, ma réflexion a été « Ils savent quelque chose que j’ignore ». Depuis que je parcours ce monde, je m’aperçois que mon peuple vit trop isolé, nos croyances sont erronées et maintenant que j’y pense, c’est surtout par inconscience que j’ai attaqué ce Durchii sans prendre en compte le sentiment de mort qu’il fait naitre en moi. Dans ces conditions, comment vous reprochez de ne pas avoir agi ? Mais je le répète, il est un temps pour la réflexion, un autre pour l’action, vous auriez du me parler avant. Maintenant, le Durchii a l’esprit rivé sur moi et cela peut jouer en notre faveur. Si je continue mon chemin à vos côtés, je vais devenir l’ombre qu’il aimerait chasser, son obsession, vous, vous y gagnerez en liberté.

Il est temps de parler du Sfeïngøt car de cette discussion dépendra beaucoup de chose, y compris la poursuite d’une quête commune. Si nous ne parvenons pas à nous mettre d’accord, je continuerai ma route de mon côté car je suis en quête de ma propre vie.

Tu dis que seule notre droiture nous sauvera mais où vois-tu de la droiture dans le Sfeïngøt ? Saïfa, la Lune, est le corrupteur des âmes, Nerkal, le corrupteur des corps. Tchaar est le grand marionnettiste, le manipulateur des foules et, dans mon village, tout assassinat, aussi traître soit-il, peut être considéré comme une offrande au trône de crânes et rester à jamais impuni… Voilà les dieux que nous servons, où est la droiture ? Les troupes qui composent nos osts ne sont soudées que par la peur ou par l’ennemi commun. Au sein même des maraudeurs, la droiture existe seulement car la survie de l’un nécessite la survie des autres et que la trahison conduirait à la mort de tous. La droiture n’est pas une valeur du Sfeïngot, elle n’est qu’une conséquence d’un but commun et jamais, au grand jamais, elle n’est désintéressée. Le fort qui tue celui qui sera faible à jamais, c’est ainsi que nos peuples purgent leurs faiblesses depuis d’innombrables générations. Si tu veux me dire que les peuples du Nord ne devraient pas se meurtrir les uns les autres, alors je suis d’accord… Dans une certaine mesure… Mais il n'est pas question ici des peuples du Nord mais d'un durchii qui n'hésitera pas à glisser sa lame dans tes viscères au plus profond de ton sommeil. Comptes-tu défier tes ennemis un à un en les regardant dans les yeux ? Attendras-tu qu'un fils de l'empire se soit relevé et ait repris son arme en main avant de le combattre ? Attendras-tu que le Durchii ait encoché sa flèche avant de lancé ta hache ? Attendras-tu que le gros rat te jette ses flammes au visage avant de le fendre ?

Il s'était tue durant tout le discours de Margøt, puis il baissa la tête en la faisant gesticuler le long d'un soupir.
La relevant, il prononça cette réponse
Comme un homme prononce sa dernière intention d'aller mourir pour une grand cause :
La résolution malgré tout.

« Nous servons la ruine parce qu'elle est notre force.
Surement pas parce qu'elle est bonne avec nous.
Elle se sert de nous parce qu'on se sert d'elle.
Tu as raison, Ils ne sont pas bons. Mais qu'importe leur vertu ?
Lorsque nous voyons un champion de la ruine, tout devient claire, sa puissance à raison.
Elle est la raison suprême de notre obédience à la ruine.

En vérité, je crois que ceux qui sont élus n'aiment pas l'homme ;
Tu es la deuxième personne à qui je dis ceci. Nayhem est le Premier.
Regarde Margøt, nous allons massacrer des hommes au sud, des hommes !
Nous rêvons de nous éloigner de notre humanité.
Nous sommes cette chose abjecte qu'est le chien de la ruine qui ne sait plus s'il doit manger sa descendance ou la protéger.
Vois-tu ? Toujours déchiré entre ce que nous étions et ce que tentons d'être, et il nous faut tuer ce doute.

Alors prend garde, lorsque tu me dis qu'Ils sont corrupteur, je ne sais pas comment tu vois la chose.
Je ne sais pas, peut-être que tu perds la raison du nord, ou peut-être que tu la discernes mieux.
Mais il me semble que tu veux un destin par la ruine, alors tue l'homme, tue la nature humaine.
Il faut être seul en soi, ou très bien accompagné pour prendre ce chemin contre nature qu'est celui de l'entropie.

Pour le Durchii, j'aurais due te le dire, c'est vrais. Je m'en suis rendu compte trop tard.
Oui j'aurais due te le dire...
Je l'aurais tué si je ne m'étais ps rendu compte que nous lui devions la vie, dans le sens ou il aurait pu tous nous tuer sans aucun doute.
Et qu'alors il méritait plus qu'un vulgaire ennemi, il était devenu à mes yeux un adversaire.
Je l'ai compris trop tard...

La ruine à une droiture, j'en suis sur, elle n'est pas la notre. Mais pourquoi personne ne tue un élu du nord dans son sommeil ?
Parce que la ruine dicte sa droiture.
Je suis sur que Suzasphein veut constamment nous troubler et corrompre cette droiture.

Pour ce Durchii, j'ai réfléchi, je ne vois que deux solutions... non en fait, les deux ne sont qu'une :
Faire en sorte que notre vie vaille mieux que notre mort.
Soit par le commerce ; une récompense si notre collaboration, arrivée à son terme, nous comble tous.
Soi en enrôlant beaucoup d'hommes du nord, assez pour qu'il ne puisse imaginer tuer sans prendre un risque immense.
C'est un choix difficile, car je ne pense pas que ça résolve les problème, je pense que ça en ajoutera... conflit de pouvoir.»

Ma'al garda le silence quelque secondes, puis en reposant sa chope :

« Ah... ceux qui ne connaissent pas Suzasphein ont la vie simple ! (silence)
Ou alors il nous faut un sorcier...
Je n'ai pas assez réfléchi, mais je ne vois que ça.
De plus, un sorcier, s'il ne nous manipule pas, nous mènerait droit vers ce destin que nous voulons tous : les dons des Dieux Noirs. »

Margøt buvait les paroles de son pair, son regard scrutateur cherchant à percer tout masque d’émotions. La solitude lui avait permis de chauffer à rouge le métal dont il était fait, lui apprenant ses forces et ses faiblesses, mais aujourd’hui, pour la première fois, il avait trouvé l’enclume sur laquelle il allait pouvoir abattre son marteau et esquisser son art de la forge.

“Tes paroles me plaisent Nayhem car ma vie est placée sous l’égide de Karnack et Tchaar. J’essaye de comprendre ce monde plutôt que de le ravager à tout prix mais encore trop souvent, mon sang bouillonne et je suis toujours enclin à une prompte violence. Tu portes la tempérance qu’il me manque. Néanmoins, je ne suis pas entièrement d’accord avec toi.

Les élus de Sfeïngøt n’aiment pas l’homme… C’est à la fois vrai et faux. C’est parce qu’ils l’aiment qu’ils le détestent. L’amour pur n’est qu’une promesse de déchéance. Les élus sont les lames qui fouillent les chairs et en arrachent tumeurs et faiblesses. La vue d’un champion invite nos esprits à la clarté, nos âmes à la grandeur, voilà la force de Sfeïngøt. Nous descendons massacrer des hommes au Sud, c’est vrai mais cela ne nous éloignent en rien de notre humanité, bien au contraire. L’empire que nous affrontons ne serait rien sans nous, au mieux des paysans épars vivant dans la peur. Mais en vérité, l’homme se révèle dans la guerre ! Aujourd’hui, on voit des héros se lever parmi les paysans et l’humanité en est sublimée. Et bien que leurs causes soient fausses et absurdes, leur puissance ne peut être négligée. Voici pourquoi nous nous battons, plus qu’une marche sur le Sud, c’est une marche vers notre grandeur et notre puissance. Les élus n’aiment pas l’homme tel qu’il est car, eux, voient ce qu’il pourrait être et nous en donne un exemple. Sfeïngøt est l’unique voie car la paix n’amène qu’à la mort et même plus que ça, la paix n’amène qu’à une mort insignifiante. Tu vois en moi un doute qui n’existe pas. Ma seule interrogation est celle sur la meilleure façon d’atteindre force et puissance !

Quant à mes propos sur les Dieux je les réitérerai : « Les Dieux sont Corrupteurs » mais dans cette phrase, tu cherches un jugement de valeur qui n’y est pas. S’il devait en être un, il serait celui-ci : La Corruption n’est autre qu’un moyen des Dieux de nous montrer la voie là où nous ne savons pas encore la voir.

C’est décidé, je resterai avec vous encore quelques temps, je sens que mon rôle à jouer dans cette quête n’est pas terminée et je t’apprécie Ma’al, je ne voudrais pas partir avant de t’avoir convaincu. Néanmoins, je te l’ai dit, j’ai moi-même une quête à accomplir et il se peut que je doive vous quitter si nos directions divergent.

Concernant le Durchii, je suis d’accord avec toi mais plus nous nous éloignons des désolations, plus il nous sera difficile de recruter surtout que nous n’avons pas grand-chose à donner en contrepartie si ce n’est une récompense plus qu’incertaine et de nombreux périls. Quant au sorcier, cette idée m’a traversé l’esprit plusieurs fois déjà. Lors d’un précédent périple, j’ai vu des signes qui n’en étaient pas et, maintenant que j’y repense, j’ai aussi négligé une rencontre que je pensais anodine. Il me faut une cascade, une jetée fera tout aussi bien l’affaire tant que vole l’écume !”

D’emblée Ma'al réponds ceci.

« Ah ! Je n'aime pas qu'on dise du bien des hommes du sud !
Mais, oui, on les aurait déjà taillé en tranches s'ils n'étaient pas si tenaces et disciplinés.
C'est vrais que la ruine aime l'homme ! Mais pour faire de lui autre chose qu'un homme, c'est ça...
Et puis... Ah oui ! C'était... Oui ! C'est ça.
Tu as dis que je voyais un jugement de valeur, je ne sais pas trop ce que ça veut dire mais...
J'avais juste peur que Suzasphein entre perfidement dans ton esprit.
Chez nous on dit qu'il y a que deux nordiques qui pensent, ceux de Tchar et les traitres de Suzasphein !
Bon, ma chope est vide et si on continue de palabrer comme des bonnes-femmes on finira mou et ivres
Parce que pas question que je continue de m’assécher la langue sans boire à nouveau, et on à beaucoup de marche à faire !
En route... Je paye le breuvage et en achète quelques litres pour la route ; il n'est pas mauvais. »