Aer et les siens vagabondaient dans les ilots humides, une pluie chaude torrentielle s'abattait sur eux, sans pour autant perdre de sa chaleur, une grêle vint s'y ajouter, les grêlons devinrent plus fréquents et plus gros, à tel point que le groupe monta au plus vite leur campement. Une fois celui-ci planté à la hâte, les nomades regardèrent la glace fracasser le sol en silence.
Amkaleph se leva et sortit de la tente, il regarda alors ses frère et sœur de sang et, alors que la grêle lui martelait le corps ; il dit :
« Le jours ou nous avons invoqué Malakil, je voulais être le premier à mourir.
Aer, à ceux qui descendent dans les mêmes fleuves surviennent toujours d’autres et d’autres eaux. La guerre est le père de toute chose, et de toute chose encore.
J'ai voulu mourir avant qu'advienne Malakil, j'ai compris alors que si nous touchions notre fin, il en sera fini du passage. Car la vie est jet vers la mort et la mort un jet vers la vie. Je suis Abbat wata, sans mort que suis-je ? La vie éternelle n'est pas, car elle est cette flèche qui n'atteint jamais son but.
Nous avons invoqué Malakil et nous avons été trahis, mais le traitre ici, c'est moi. Car, alors que j’œuvrais pour notre fin, je sentais en moi hurler ceux d'en bas. Quel maitre trahir ? Cette eau tombe, elle ne reste pas éternellement dans le ciel, qu'en serait-il sinon ? Il nous faut comme elle, descendre sous terre pour remonter dans les hauteur et retomber sur terre, sous la forme de vie. Aer, je ne peux souhaiter et ouvrer pour l'immortalité de chaque homme, une poignée d'entre eux oui, mais jamais chaque homme.
Si tu le souhaites, je laisse la grêle m’assommer, ou alors je tombe sur ma lame et rejoins Abbat. Mais je ne peux pas œuvrer pour l'immortalité de chaque homme des îles, la mort doit, comme la vie, être semée. La guerre est le père de toute chose, et de toute chose encore. »
Le visage en sang, Amkaleph restait là, attendant l'ordre de son Ibn.